
Illustre, mais finalement inconnu, Émile Coué, inventeur de la fameuse et copieusement raillée « méthode » est au centre du deuxième roman d’Étienne Kern. Déjà, avec Les envolés (2021), l’écrivain, lauréat du prix Goncourt du premier roman s’était intéressé à la figure d’un « perdant ». Mais si Les envolés s’ouvrait sur une archive filmée, c’est une image fantôme, spectre imaginaire, qui inaugure La vie meilleure.
Émile Coué (1857-1926) cherche là où personne ne penserait trouver une vérité sur la condition humaine. Et si le remède était en nous, dans nos propres ressources ? Pharmacien, il met au point une thérapie basée sur la pensée positive et une certaine folie de l’optimisme qui aiderait à guérir, à surmonter les difficultés. Il invente la joie envers et contre tout, même l’inéluctable.
Étienne Kern part sur les traces de l’homme. Il écume des archives, rencontre les descendants de sa famille, s’entretient avec des spécialistes. Plus chaman qu’historien, il brode à partir de sensations, de sentiments, d’impressions, mais surtout, il puise dans sa vie, dans son expérience, dans sa propre histoire pour extirper des strates du temps un homme qui prend la vie du côté de l’improbable. C’est peut-être de l’exofiction, peut-être pas. Ou alors, elle serait « transpersonnelle ». C’est, dans tous les cas, une réussite brillante qui confirme tout ce qui nous a charmé dans le premier opus : une écriture délicate, parfois joyeuse, parfois mélancolique, toujours profondément juste. Surtout, c’est l’art du conteur qui nous subjugue. L’impression d’être assis autour d’un feu avec Étienne Kern et d’écouter sa voix, encore et encore, fasciné par la moindre de ses inflexions.
