Éparse est un premier roman mais Éparse n’est pas un « roman ». Le texte de Lisa Balavoine est un étrange objet littéraire, fait de bric et de broc, cousu de fragments de textes, qui, pour la plupart, portent en germe d’autres récits que le lecteur ne lira jamais. « Je voudrais bien parler d’autre chose que de moi. Mais je me tourne autour et je ne me connais pas. » Sur les traces d’elle-même, l’écrivaine entame un inventaire. La voie choisie par l’écrivain est paradoxalement la plus simple et la plus compliquée. La plus simple parce que la dispersion est le moyen idéal d’avoir de soi une vision d’ensemble, la plus compliquée parce que le risque, c’est de ne jamais se poser, de ne jamais lier entre eux des événements, des chansons et des souvenirs. Lisa Balavoine passe d’une phrase à une autre sans transition, d’un événement à un autre sans raccord. Totalement hyperactif, le livre manque de liant, de consistance même. Il commence tout et ne finit rien. L’évocation de la seule photo des parents de la narratrice « ensemble » à la page 35 réapparaît à la toute fin, pour une raison que le lecteur ignore. Si le sujet est « éparse », la littérature devrait être là pour lui redonner une unité, mais les fragments ne font que confirmer l’éparpillement.
Il y a pourtant, dans ce livre, quelque chose d’émouvant qui vous empêche de lâcher sa lecture. La relation mère-fille/mère-filles est dessinée à coup de citations laconiques « je t’aime parce que tu es vraiment humaine » lance sa fille à une narratrice « fatiguée et de mauvaise humeur ». Ces bouts de discours, ces fragments de vie pure émeuvent profondément. Dommage que pour poignant qu’il soit parfois, « Éparse » ne touche finalement pas le lecteur.
Lisa Balavoine, Éparse, éditions JCLattès, janvier 2018, 254p, 18€