Quand il s’agit de représenter une époque, Laurence Cossé excelle. Nuit sur la neige, son dernier roman publié ces jours-ci par les Éditions Gallimard (collection « Blanche ») se passe en 1935. Quelques années avant le désastre la France est déjà tourmentée par une politique intérieure instable. C’est aussi l’époque qui voit naître les sports d’hiver comme loisirs pour les classes moyennes. L’écrivaine parvient à être didactique, à expliquer le mécanisme de l’ascension des stations qui deviendront célèbres sans s’appesantir, sans donner l’impression de conduire une leçon. C’est suffisamment rare pour être souligné. In medias res, le roman débute par la rencontre entre Robin et Conrad. Robin, dix-huit ans, développe une « amitié particulière » pour ce camarade de vingt ans qui le fascine. Étudiants en classe préparatoire, à l’école Verbiest tenue par des jésuites, leur vie est rythmée par les devoirs et les rares sorties du weekend. Robin n’est pas préoccupé par la sexualité, sa grande affaire, c’est l’amour : « A vrai dire, je ne rêvais pas de sexe, encore moins d’un sexe. Je rêvais d’un visage – d’un regard sur moi, d’un sourire -, en un mot je rêvais d’aimer de passion, comme une midinette. » À l’occasion d’un séjour au ski à Val d’Isère avec Conrad, Robin vit une confusion des sentiments toute zweigienne. Il est fasciné par Clarie une mystérieuse jeune fille qui partage leur hébergement.
L’écriture de Laurence Cossé est délicieusement surannée. Entendons-nous bien, ce n’est absolument pas un défaut à mes yeux. Au contraire. Il y a quelque chose de classique dans la langue de l’écrivaine qui rend la lecture savoureuse. Ce qui manque au roman, à mes yeux, a trait à la construction. L’écrivaine passe parfois un peu vite d’un événement à un autre, sans autre forme de transition. Toute la dernière partie, celle où se joue le drame est parfois un peu schématique. Le lecteur reste sur sa faim. C’est d’autant plus dommage que la fin du roman fonctionne sur le mode du dévoilement. Il n’empêche que Nuit sur la neige est un bon roman qu’on lit avec beaucoup de plaisir.
Laurence Cossé, Nuit sur la neige, Éditions Gallimard, août 2018, 144 pages, 13,50€
Comme toi, je suis restée sur ma faim. Quel était vraiment le sujet, le projet de l’auteur ? Evoquer cette période de pré-conflit mondial en montrant combien les individus n’ont pas vu arriver le drame, préoccupés qu’ils étaient par leurs affaires intimes ? A vrai dire, je ne l’ai lu qu’au début de l’été et l’ai déjà quelque peu oublié… C’est bien dommage car j’avais vraiment été éblouie par La Grande Arche, un récit d’une richesse et d’une intelligence exceptionnelles.
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Je suis d’accord avec toi. J’ai eu l’impression que ses personnages étaient un peu à l’étroit … 🙂
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